Anonyme ou pas? that's the question.
Par Olympe le 20/05/2009, 21:22 - Lien permanent
Nicolas a lancé une chaine.
Voila le sujet tel qu'il le pose : « Bon, Mesdames, Messieurs, chers compatriotes, on parle beaucoup de l’anonymat dans les blogs mais au fond de nous-mêmes est-ce qu’on ne devrait pas s’en foutre royalement dans la mesure où la plupart des gens ne savent même pas ce qu’un blog ? Ne serait-on pas un peu trop centrés sur nous-mêmes ? ».
La question a se poser est la
suivante : que risque-t-on à se dévoiler ? Il semblerait par exemple
que plusieurs blogueurs et blogueuses se soient inquiétés de voir leurs
articles repris dans un journal papier craignant d'être ainsi découverts par
leur entourage. Le risque existe puisqu'effectivement comme le dit Nicolas la
plupart des gens ne savent même pas ce qu'est un blog, alors qu'ils lisent les
journaux papiers (en l'occurrence il m'étonnerait que ceux qui lisent Vendredi
ne sachent pas ce qu'est un blog). Pour en avoir fait l'expérience je peux dire
que ce risque est faible ;
au tout début pas encore assez aguerrie et prudente mon blog a été cité avec
mon nom dans un grand journal. Grosse montée d'adrénaline lorsqu'ouvrant ma
boite aux lettres professionnelle j'y trouve un "bonjour Olympe" provenant d'un
collègue qui était l'un des derniers à qui j'aurais voulu parler de mon blog.
Il était mort de rire, mais comme le sujet ne l'intéresse pas particulièrement
je crois qu'il y a longtemps qu'il a oublié. C'est le seul écho que j'en ai eu
et ça a considérablement relativisé dans mon esprit la portée de la presse
papier. Heureusement quand même ce n'était pas dans le quotidien local.
Par contre si mon nom apparait sur internet, je suis bien certaine que ni Google (quoique ?), ni yahoo, ni tous les autres ne l'oublieront et qu'il arrivera un jour où une entreprise, une personne que je solliciterai voudra en savoir plus sur moi et arrivera ici. Je ne sais pas qui ce sera et donc je ne sais pas comment cela influencera sa décision et je préfère ne pas prendre de risque.
Et puis aujourd'hui je suis très active peut être que dans 6 mois ou 2 ans j'en aurais assez du blog, du féminisme que je préfèrerai dépenser autrement mon énergie. Mais pour la netéternité mon nom resterais associé à Olympe.
En réalité plein de gens me connaissent, je vais à des réunions de blogueurs, des cocktails, j'ai des cartes de visite spécifiques que je diffuse avec plaisir , ma famille et mes amis connaissent mon blog (mon frère me fait d'ailleurs régulièrement remarquer que c'est le meilleur moyen d'avoir de mes nouvelles, pas de quoi être fière). J'évite par contre d'en parler au boulot.
Beaucoup de blogueurs ou blogueuses signent avec leurs vrais noms. Le problème avec le mien (de blog) c'est qu'il est très militant, d'un militantisme qui apparait à beaucoup de gens comme archaïque, être féministe ce n'est pas franchement tendance et certains s'imaginent même que le mot féministe me définit et qu'il est le seul filtre à travers lequel je regarde le monde, en réalité, comme tout le monde je m'intéresse à beaucoup d'autres sujets, sauf que je ne blogue pas dessus. Ce n'est pas l'envie qui m'en manque mais le temps.
Surtout et c'est peut être le plus important je trouve que les critiques, les attaques sont souvent assez difficiles à encaisser (j'ai eu plus que ma dose avec l'affaire du rappeur) alors je préfère qu'elles ne s'adressent qu'à la blogueuse. La madame X que je suis peut ainsi continuer sa vie sans se faire agresser. Une sorte de schizophrénie bien utile.
Je passe à : Lait d'beu, Nelly, Till the cat, femme active, et les cigognes, Frieda, Emelire
Commentaires
Bonsoir
Oui, le vrai danger, ce ne sont pas les blogs, mais bel et bien google...J'en ai fait les frais une fois et ça reste un souvenir douloureux...Malgré tout, j'ai de plus envie d'assumer ce que je fais et ce que je dis...En parallèle, j'ai de moins en moins envie de mettre en avant ma vie privée, ce qui me permet de moins craindre d'être découverte...
Bises
CC
Moi, ça m'effraie de penser que mon anonymat puisse être levé. Ecrire sur un blog, c'est, en tout cas pour moi, le fruit d'une réflexion intime, personnelle. Mes proches ne connaissent pas l'existence de mon blog. En même temps, ça n'aurait rien de dramatique s'ils le trouvaient!
"La madame X que je suis peut ainsi continuer sa vie sans se faire agresser. Une sorte de schizophrénie bien utile."
Oui. Il y a cet aspect aussi : l'autre personnage. Ca joue chez beaucoup de blogueurs que je connais : le type de la vraie vie n'est pas le type du blog ! (ou la gonzesse, pardon !)
Je bloggue sous mon prénom donc facilement reconnaissable.
C'est clair que je parle de mes idées politiques mais les sujets y sont assez vastes.
Je ne parle pas de mon boulot ni de choses trop personnelles donc de ce côté là ...
J'ai vu ce mois-ci que deux blogs m'ont cité en sources.
C'est bien mais aucun grand journal n'a fait appel à moi. Tant mieux
Hors sujet : tu en avais déjà parlé une fois, mais ton blog semble inconnu de Google. Je viens de chercher "Anonymat" sur blogsearch pour n'oublier personne parmi ceux qui ont répondu à mon espèce de chaîne et ton billet, contrairement aux autres, n'y est pas.
Je me suis fait tagué aussi et je ne sais pas encore ce que je vais baratiner là-dessus.
Je note que tu as un pseudo pour exprimer tes opinions mais que si quelqu'un t'agresse à propos d'un dire sur ton blog, tu le ressens à titre personnel.
Je trouve que c'est un peu paradoxal…
:-))
tout à fait solidaire, Olympe.
Il est vrai qu'on peut paraître schizo. mais il faut être réaliste : le grand réseau dévoreur d'intimité n'a pas besoin d'être alimenté... La netéternité que tu signales est un vrai danger, et notre nom personnel (conjugal ou patronymique) est partagé avec d'autres qui ont le droit de se désolidariser de nos blogs.
Et puis surtout la solidarité est plutôt avec toute la cause que nous défendons. L'isolement ne doit pas nuire aux blogueuses féministes : à la différence de membres d'une association qui les soutient et pour laquelle elles s'expriment.
Mais nos idées sont plus importantes que nos personnes : nous n'affichons pas nos humeurs seulement personnelles, nous ne donnons pas de recettes de cuisine ou des nouvelles à la famille... (sauf dans la mesure des styles que nous avons adoptés : quelle richesse, d'ailleurs !)
Espérons seulement que la cause n'aura pas besoin d'être défendue aussi longtemps que durera la mémoire d'internet !
Ensuite nous pourrons parler des autres sujets qui nous intéressent... il y en a tant.
J'avais lu et réagi au billet de Nicolas.
Comme je le disais, c'est pour moi une entrave à ma liberté d'expression, à ce que je raconte sur moi avec force dérision ou l'actualité, que mes parents par exemple qui jugent facilement et s'inquiètent pour rien, connaissent mon blog.
Je n'ai donc pas partagé avec eux le plaisir d'être reprise dans un journal et ils ne savent pas que je le tiens.
Mes amis d'enfance passent de temps en temps mais n'ont pas du tout le réflexe blog, comme beaucoup de monde d'ailleurs qui se sert plus d'internet pour lire la presse, voir la météo, faire une commande carrefour ou La redoute, réserver un billet de train ou d'avion.
Ce qui m'a permis d'avoir l'esprit plus disponible pour écrire librement et faire de supers rencontres.
N'est-ce pas ?
Donc je reste Aude, mon vrai prénom, mais de nom point, pour l'instant.
Bon WE !
CC, comme tu le sais j'ai aussi de plus en plus envie de me dévoiler, mais pas mûre encore et l'affaire Orelsan m'en a dissuadée pour longtemps je crois
ink, mes proches connaissent mon blog ça ne me pose pas porblème. mais il est vrai que je ne parle jamais de ma vie privée
Nicolas tout à fait d'accord, la plupart des gens s'imaginaient au début je ne sais pas pourquoi que j'avais dans les 30 ans. ils ont été déçus je crois en me voyant car je ne correspondait pas à l'image qu'ils avaient.pour ce qui est de google je sais qu'il ne me reconnait pas et j'ai renoncé à comprendre. ce qui est bizarre c'est qu'il y a 4 ou 5 requêtes par jour qui passent. apparemment c'est une histoire de robot, et impossible de contacter un être humain chez google. ça fait peur.
Angélita, c'est n prénom pas très courant, mais ça ne donne pas vraiment ton identité
DG, manque de courage peut-être mais à quoi sert le courage en l'occurence, qu'est ce que ça changerait que les gens connaissent mon nom ? si c'est juste pour s'attirer des emmerdes....
Monsieur Poireau, oui shizophrène je vous dis. je n'imaginais pas en créant un blog qu'il entrerait si fort dans mon intimité
Fanchon, merci. et c'est vrai que j'aimerais bien parler d'autres choses. J'ai pensé à ouvrir un second blog mais là je n'aurais pas le temps
J'ai commence un blog il y'a peu qu traite des violences faites aux femmes et de question de genres. Entres autres. J'y devoile des details tres personnels d'attaques, de violences et je m'y exprime anonymement.
Un de mes articles traite specifiquement de beaucoup de violences (viol & attouchements en particulier) que j'ai vecues. Je peux denoncer mais en meme temps ne pas me retrouver dans le role de la victime (bien que justement... ce ne soit pas le but du blog).
Je suis dans une situation paradoxale ou j'ai envie de denoncer certaines choses, d'en discuter d'autres mais ou, en meme temps, je ne souhaite pas etre 'fichee' par des personnes de ma connaissances, des collegues, amis, etc (a part ceux de confance qui connaissent mes 'experiences' et opinions).
Donc pour moi, l'anonymat est le meilleur moyen de ne pas avoir a me devoiler entierement et avoir a me justifier, ou repondre a des questions ou des changements d'attitude par rapport a ce que j'y ecrit.
Intéressante question que celle de l'anonymat.
Moi, il me plaît de savoir qu'on peut me googleliser sans tomber sur mon blog. Je le partage avec un grand nombre d'inconnus tout en ne le partageant qu'avec ceux avec qui j'ai choisi de le partager.
Paradoxal ?
Je suis une fille pleine de paradoxes.
Frieda, Emelire comme ça a l'air de vous inspirer je vous rajoutte au tag
L c'est anglais :-((
Entièrement d'accord avec Emelire et Fanchon, apparaître pour ses idées, sans se mettre la pression, est une vraie force pour oser le débat.
Pour ma part, vu mon nom, je ne suis pas vraiment anonyme et je rapproche ça de ma position de prof : la schizophrénie se joue à un autre niveau quand on a des élèves pour séparer la prof de la personne, car eux, ils mélangent à la moindre tension ("elle m'aime pas la prof"...)! Du coup, il me plait d'assumer mes opinions sur le net, il me plait que les élèves retrouvent ainsi ma trace. Mais du coup, c'est vrai, il y a des truc que je n'aborde pas, comme en tant que prof, tout ce qui touche ma vie personnelle. Sur le net, je suis pur produit de l'esprit, un être immatériel.
Intéressante discussion que celle-ci.
L'anonymat, en ce qui me concerne, a commencé à l'époque du minitel et de ses premiers salons de discussion. Déjà à l'époque, la question de l'anonymat se posait, certains "forums", certaines discussions commençant quasi systématiquement par l'incontournable "ASV" (age, sexe, ville), qui impliquait à très court terme l'absence d'anonymat, mais aussi souvent une discussion très moyennenement intéressante.
Les discussions anonymes, à l'époque, permettaient de s'affranchir de toute connotation sexuelle, générationnelle, politique, géographique, etc... pour se concentrer uniquement sur l'échange d'idée.
D'expérience, toutes les discussions anonymes que j'ai pu avoir se sont toujours révélées beaucoup plus ouvertes et intéressantes que les discussion qui commencaient par l'exposé du CV, ce justement parce que tous les a priori que l'on a dans une discussion en diirect ou devant une personne que l'on connait disparaissent, ce qui permet d'exprimer sans ambiguité ses idées. Bien entendu, si on considère que les personnes sont plus essentielles que les idées, alors cet argument ne tient pas. On peut alors tranquillement retourner au "sois belle (beau) et tais-toi !", et dans ce cas, s'épargner la peine d'écrire un billet, un commentaire, ou quoi que ce soit qui ne soit pas une photo (j'exagère un peu, soit, mais pas tant que cela).
L'argument choc : "... lettres anonymes : je dénonce au nom de la vertu, mais je ne veux pas d'emmerdes avec mes voisins." ne vaut que si tu estimes qu'il y a dans un blog, une volonté de dénonciation, voire de nuisance. Personnellement, je vois ça d'un autre oeil, plutôt comme une ouverture de débat d'idées, et dans ce cas, les idées nouvelles, différentes, d'ou qu'elles viennent, sont bonnes à prendre.
L'arrivée du Net, sur ce point, n'a pas changé grand chose au début ceux qui étaient anonymes le sont resté, ceux qui ne l'étaient pas ne le sont toujours pas.
L'immense différence tient effectivement dans le fait que le minitel, au contraire du net, n'avait pas de mémoire, alors que le net n'oublie rien. Et ça, ça me parait particulièrement dangereux, en plus d'être très réducteur.
En effet, si on retrouve dans 20 ans mes remarques sur ce blog, qui peut raisonnablement croire que mon point de vue à ce moment là sera exactement le même que celui que j'ai aujourd'hui ? Et pourtant, on me demandera probablement dans 20 ans d'assumer, ce qui ne rime à rien (ca ressemble aux interviews people à la con, ou le journaliste affirme "vous aimez les carottes et les teckels à poils durs ! si si, je l'ai lu dans voici de Septembre 1970"). Donc, quitte à passer pour un "lâche" ou un "corbeau", je resterai anonyme, du moins pour tous ceux qui ne demanderont pas expressément à ce que je ne le sois plus (il est facile pour quelqu'un de demander à quelqu'un d'autre de "lever son anonymat" à titre privé, sans que la totalité de la planète internet soit au courant).