La parité à l'Assemblée dans 15 ans

Geneviève Tapié, Présidente de l'Observatoire de la parité Languedoc Roussillon donne sur son blog ce tableau tout à fait instructif.

On peut désormais le compléter avec les chiffres de 2012 : 40% de candidates, ce qui est, comme le note l'Observatoire de la parité, un recul par rapport à 2007, et 28,86% d'élues.

28,86% c'est certes une progression mais à ce rythme là la parité ne sera pas pour demain, ni même pour dans 5 ans.

On peut voir sur ce tableau que lors des élections qui ont suivi la loi sur la parité (qui date de 2000), les candidatures de femmes ont considérablement augmenté, mais la progression des élues est beaucoup, beaucoup, plus lente.

Cherchez l'erreur !

De façon générale les femmes sont proportionnellement moins élues que les hommes. Comment expliquer cela ?

De 2 choses l'une, soit elles sont de moins bonnes candidates et recueillent moins de voix, pas aidées par des votants machos qui auraient plus de mal à faire confiance à une femme, soit elles se présentent sur des circonscriptions plus difficiles.

Plus difficiles elles le sont indéniablement, on sait déjà qu'il est toujours plus facile (même si ce n'est pas une garantie) d'être élu pour un député sortant. Et ceux-ci sont, compte tenu de la composition de l'Assemblée nationale, beaucoup plus souvent des hommes. Le PS a réservé les circonscriptions où le député sortant ne se représentait pas à des femmes, ce qui lui a permis de réaliser un score très honorable (37,9% d'élues pour 45% de candidates) même si il y a eu quelques polémiques, notamment à Paris.

Mais on peut supposer aussi, que, spontanément, elles se retrouvent candidates là où les hommes sont moins motivés. Et, il est probable que plus la circonscription parait gagnable plus ils sont motivés.

Comment expliquer sinon le score du FDG qui pouvait se targuer de respecter la parité en présentant 48% de femmes, mais se retrouve avec seulement 2 élues sur 10. C'est un petit chiffre dont on ne peut guère tirer de conclusion, mais il interroge quand même. Et ce d'autant plus que la parité atteinte par EELV (9 femmes, 8 hommes)  prouve que celle-ci est possible.

Du coté de l'UMP c'était clair, Jean François Copé avait clairement annoncé qu'il préférait sacrifier la parité sur l'autel de l'efficacité. "Voilà pourquoi j'ai pris avec mes amis de l'UMP cette décision qui nous coûtera en termes d'amendes. Chacun doit comprendre que dans la période qui est la nôtre, il nous faut absolument avoir le maximum de députés et que cela passe par le poids, l'ancrage local de beaucoup d'entre nous". Le reste est à l'avenant : 26% de candidates, 13,9% d'élues. 

Le plus étonnant nous a été donné à voir par les médias qui dès 21H nous annonçait "un record historique". Certes 155 députées c'était un record puisqu'il n'y en a jamais eu autant en France. Mais avant de vous réjouir vous pouvez lire de qu'en dit Osez le féminisme "Parité : hypocrisie record"  ou le site Egalité-infos "La France encore derrière l'Afghanistan"

Prochaine étape, celle de la désignation au perchoir de l'Assemblée

Commentaires

1. Le 18/06/2012, 20:07 par sarah

On peut quand même souligner que EELV a présenté 50% de candidates, et a 50% d'élues ! C'est le résultat d'une volonté forte de parité de résultat, en exigeant la parité des candidatures sur les circonscriptions par niveau de gagnabilité (les 30 circonscriptions les + favorables sont paritaires, puis les 30 suivantes, etc.).

Une solution qui a bien marché :-)

2. Le 18/06/2012, 21:45 par MélisandePorto

Encore une preuve de plus que les choses changeraient dans le bon sens si les verts étaient au pouvoir...
Sinon, c'est bien ce qui m'a le plus énervés, au final, dans la situation de La Rochelle. Voilà une circonscription qui était censée être destinée à une femme socialiste, mais non. Une femme de moins, et pas n'importe laquelle, s'il-vous-plaît. On pense ce qu'on veut de Ségolène Royal, mais c'est incontestable qu'elle méritait une place de premier plan, et voilà qu'elle n'est ni présidente, ni ministre, ni députée, ni présidente de l'asssemblée. Tout comme Martine Aubry, d'ailleurs...

3. Le 18/06/2012, 22:58 par la sorcière

Moi ça m'interroge cette double affaire de parité et de Ségolène Royale. Elle a été parachutée. C'est le terme. Où est la démocratie quand on demande à un candidat qui a récolté de nombreuses voix de se désister au profit d'un autre candidat "du parti".

Il y a des réseaux qui travaillent pour que les femmes utilisent leur leadership. C'est à l'intérieur des partis que ça doit changer, non ?

Dans le sud de la France, y a une député qui l'a été vers 22 ans, il était de notoriété public que c'était la maitresse d'un socialiste influent du coin, où est la crédibilité ? Une fille qui débarque de nul part et qui réussi à avoir un siège. Une carrière politique c'est très très long. Donc soit on est petite fille de Lepen, soit on couche avec un politique à la Berlusconi. Soit, et dernière option pour les plus vieilles, on est parachuté... ça c'est de la méga démocratie.

J'aime pas la politique. J'ai failli voter saucisson cette année (mettre une tranche de sauciflard dans l'enveloppe, ça aurait été fandar, mais j'en avais pas)

4. Le 19/06/2012, 12:49 par ajuga

ben faudrait être plus nombreux à voter vert, hein ! mais comme ce n'est pas le cas, et sans doute ce n'est pas près de l'être, au nom du réalisme, de l'efficacité, du 'faut pas rêver' je serai liquide depuis longtemps avant de voir 50% de femmes à l'Assemblée.
Et je ne parle pas des postes à responsabilités, là c'est sans doute objectif 22ème siècle.

5. Le 19/06/2012, 13:31 par fanchon

il faut arrêter de parler de parachutage à La Rochelle ! Quand on veut noyer son chien on dit qu'il a la rage ; pour une femme, c'est n'importe quoi, surtout quand toutes les règles étaient respectées :
http://parite-fanchon.blogspot.fr/2...
(dans la journée qui suivait, la mémoire est revenue aux journalistes politiques - qui le savaient bien, pourtant)

6. Le 19/06/2012, 13:49 par la sorcière

Merci pour cette précision, je connaissais rien aux règles (qui demeurent malgré tout des parachutages, des gentils parachutages, mais ça reste de la tambouille de parti) et ça m'a un peu plus éclairé sur la question. Du coup, voilà un élu qui vient de s’éjecter tout seul de son parti. Super victoire pour lui.

7. Le 19/06/2012, 14:42 par sarah

Il me semble que Ségolène Royal reste présidente de région, non ? Ce n'est pas rien, quand même ! Et elle aura ainsi le temps de se consacrer à son mandat...

8. Le 19/06/2012, 15:04 par Javi

Soyez optimiste: à +10 points par élections, dans deux mandatures, on y est. Et ça semble plutôt être en voie d'accélération. On voit l'inflexion liée à la loi sur la parité -qui fut donc une bonne chose-

Concernant le FdG ou EELV, bref, les petits partis, je ne crois pas que l'on puisse ne tirer quelque chose sur leur volonté (ou non), car le scrutin n'est pas proportionnel. Or seuls les grands partis ont la force de frappe nécessaire pour soutenir leurs candidats partout et l'enracinement pour avoir de nombreuses circonscriptions "assurées". Le FdG, comme nouveau parti, envoyait forcément la plupart de ces candidats au casse-pipe, sauf les quelques rescapés du PCF, élus depuis longtemps, donc statistiquement ayant plus de chance d'être des hommes. Le FdG, sans alliance, subit une érosion plus forte que EELV, allié du PS, qui n'avait pas d'adversaire à gauche face à ses candidates. Il suffisait pour faire perdre une candidate FdG que le PS maintienne son candidat face à elle. Notons par ailleurs que le FN est paritaire: une candidate pour un élu (plus un troisième non encarté?). L'extrême droite a le sens des valeurs...

Ce que je retire de cette analyse, c'est qu'une plus grande part de proportionnelle faciliterait le passage à la parité, en diminuant les effets de seuil ou l'impact des choix d'alliance des grands partis, tout en améliorant la représentativité de l'assemblée. A quand une campagne d'OLF pour la proportionnelle?

9. Le 19/06/2012, 16:01 par Jak

"On peut voir sur ce tableau que lors des élections qui ont suivi la loi sur la parité (qui date de 2000), les candidatures de femmes ont considérablement augmenté, mais la progression des élues est beaucoup, beaucoup, plus lente.

Cherchez l'erreur !"

Il existe une part d'explication logique (et non-sexiste) à ce fait.
Il est délicat (ou plutôt il serait indélicat) de se débarrasser d'un élu sortant qui a tenu correctement ses fonctions (d'autant que dans une élection, le sortant est censé avoir un avantage). Les circonscriptions offertes à des nouvelles têtes (masculine ou féminines, cela ne change rien) sont donc:
- soit des circonscriptions où le parti a perdu lors de l'élection précédente (donc forcément des circonscriptions où la probabilité de victoire est plus faible)
- soit des circonscriptions où le député sortant ne se représente pas (cumul des mandats, âge, santé... etc...). Ces circonscriptions là ne sont si nombreuses que ça, et le (la) nouvelle candidat(e) ne bénéficie pas de la 'prime au sortant'.

Cela explique une partie du phénomène que vous décrivez dans lequel les premières circonscriptions offertes aux femmes ont été majoritairement des circonscriptions difficilement gagnable.