Le changement c'est maintenant mais pas tout de suite
Par Olympe le 14/09/2012, 16:25 - Lien permanent
Laurent Fabius, DSK, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, Martine Aubry, Jean-Michel Baylet, Manuel Valls, François Hollande ont en commun d'avoir été candidats aux primaires en 2006 et 2011.
On n'épiloguera pas sur le cas de Jean Michel Baylet qui est le seul à ne pas être un éléphant du PS. Ni sur celui de DSK.
Les autres, c'est à dire Fabius, Montebourg, Valls, Hollande sont au pouvoir.
Martine Aubry et Ségolène Royal sont elles restées sur le carreau. L'une a failli être première ministre et l'autre présidente de l'Assemblée nationale. Failli..
Personnellement j'ai envie de les remercier d'être arrivées jusque là, d'avoir montré que c'était possible, qu'elles étaient tout à fait légitimes et ouvert la voie.
Mais je me demande si ce n'est pas plutôt dissuasif pour toutes les autres.
On sait qu'en France la politique est un sport de combat, qu'il ne faut pas avoir peur de donner des coups et d'en recevoir. Mais ces 2 là on reçu des coups qui sont spécifiques, qui ne font pas que s'attaquer à leur discours ou leurs actions politiques mais aussi à ce qu'elles sont , leur façon de s'habiller, de sourire, de parler, leur excès de féminité, leur manque de féminité. Des attaques qui remettent sans cesse en cause leur compétences et leur légitimité.
Alors même qu'elles ont plutôt bien réussi là ou elles étaient. Martine Aubry laisse un PS en état de marche et au pouvoir, on ne peut pas en dire autant de ses prédécesseurs et Ségolène Royal a indéniablement été un élément majeur de l'élection présidentielle de 2012.
Constater qu'elles ont supporté tout ça, même pas pour rien, mais bien pour perdre puisque l'une et l'autre ont aujourd'hui moins de pouvoir qu'elles n'en avaient il y a quelques mois pose pour le moins question.
On est aujourd'hui en droit de se demander de quel bois doit être une femme pour arriver aux sommets du pouvoir si ces 2 là, qui sont d'une trempe peu commune, n'y parviennent pas. Je doute que les suivantes y voient des encouragements.
On peut trouver de bonnes raisons , il est vrai que la vie conjugale de Ségolène Royal a singulièrement compliqué la situation (mais n'a pas gêné François Hollande dans son élection !) et si Martine Aubry s'en va c'est qu'elle le souhaite. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'elles ont en réalité été éjectées car pas à leur place. Trop dangereuses, pas assez conformes aux modes de fonctionnement instaurés par des hommes depuis des décennies, voire des siècles.
Tout est aujourd'hui redevenu normal au PS, les hommes sont aux commandes partout : à la tête du parti, au gouvernement , au conseil constitutionnel, au Sénat à l'assemblée national. Et j'en passe.
On a pu essayer de croire qu'un gouvernement paritaire était un 1er réel effort, qu'une prise de conscience s'était opérée.
La suite nous prouve que non. Et on avait tort de passer sur le fait que les femmes n'y ont guère de ministères régaliens (notons que Christiane Taubira ne vient pas du PS) et surtout sur le fait qu'elles sont en moyenne beaucoup plus jeunes et à cet égard ne présentent pas une concurrence pour la génération d'hommes qui se positionne pour les postes de 1er plan lors des prochaines échéances (dans 5 ans ou dans 10 ans).
Les déclarations d'intention ne suffiront pas, il serait temps que le PS se penche sur sa façon de fonctionner qui semble plutôt en mode jungle (poussage de coudes, grandes gueules et cooptations intuitu personnae à tous les étages).
Commentaires
Très bel article. Merci
Je vois aussi le cas Royal et le cas Aubry comme la preuve qu'en politique française, les femmes se font toujours éjecter à un moment ou un autre. Le pire est de constater comme la majorité du peuple semble y être indifférent, y compris les femmes... Par exemple l'UMP qui a un taux effarant de femmes aux bons postes (l'une disait d'ailleurs "à l'UMP, le féminin de député, c'est suppléante").
Je me rappelle le nombre de commentaires sexistes à l'encontre de Royal lors de sa candidature en 2007.
Et je me rappelle, bien plus récemment, ces médias qui parlaient d'un gouvernement paritaire en 2012... A part Taubira, et l'enseignement supérieur, où voir l'importance des femmes ministres dans le gouvernement Ayrault ?
merci pour ton article, je suis d'accord avec ton analyse à 100% ! Je voudrais juste rappeler que si Aubry a été mise en avant, et est arrivée aux commandes du PS, cela a été dans la logique du "tout sauf Royal", pour barrer la route à celle qui sans cela (la perte de la direction du PS à ce moment-là) aurait pu devenir la première femme présidente de la République française. On a mis en avant une femme pour pouvoir éliminer une autre femme bien plus dangereuse (dans une logique de pouvoir). Aubry a été complice à ce jeu-là... Dommage. En politique, la misogynie de la société française, et du PS, est sans égal, me semble-t-il, en Europe.
merci pour cette analyse. Il ne faut pas tuer l'espoir, mais tout de même, se faire dézinguer en politique pour faire gagner une société plus égale.... sans y parvenir après tant d'années !
Il serait temps que toutes les femmes se sentent solidaires de celles qui avancent pour leur cause.
C'est vrai que c'est démotivant. Des coups spécifiques c'est vrai ton analyse est juste. Une petite vidéo pour se requinquer
http://www.youtube.com/watch?v=BI_H...
Tout ceci est extrêmement juste . bel article .
Mais pour Martine Aubry je suis d'accord avec Lucia mel. J'ai quitté le PS en 2008 à cause de sa nomination . Complot ourdi contre Ségolène Royal par les "ténors" battus lors de la désignation de la candidate , avec la complicité plus ou moins passive mais réelle de Martine Aubry qui était réticente au départ pour y aller .
La combine était machiavélique , faire s'affronter deux femmes pour mieux mettre en avant leur incapacité à gérer quoi que ce soit et faire ressortir la "grandeur" de ces messieurs .
DSK en premier , celui qui avait affirmé au soir du triste deuxième tour que "cette élection ne pouvait pas être perdue" alors que pendant la campagne il prenait des vacances aux states , trop vexé d'avoir été battu .
Et des deux côtés c'est exactement l'inverse qui s'est passé. Un PS en relatif ordre de marche mais quand même après "épuration" des militants à 20 euros que SR avait attiré , et une région Poitou-Charente à la pointe de l'innovation sociale , politique et environnementale .
De ces deux femmes , l'une se retire , sans doute usée par tant de mesquineries , pour avoir servi d'essuie-pieds ou de tremplin à des hommes ambitieux et l'autre qui a subi les pires outrages vient de déclarer qu'elle" n'a pas l'intention de s'excuser d'exister" .
Sur laquelle pourra-t-on donc compter désormais? Je vous le donne en mille ...
Bravo pour le billet.
Merci Olympe pour cet article et merci Sylvie pour cette vidéo que j'ai aussitôt partagée.
La question est: à quoi bon se battre pour finalement être éjectée, le système n'étant pas encore mûr pour accueillir un tel changement? Je travaille en Afrique Centrale, dans un domaine ou la politique compte plus que toute autre considération. Les mécanismes d'accès au pouvoir y sont encore plus verrouillés: pas seulement quand tu es une femme mais aussi quand tu n'es pas de la bonne ethnie, de la bonne famille, ou avec le bon compte en banque. La démotivation frappe fort... Alors à quoi bon?
Eh bien... En essayant d'avancer, de la manière la plus pertinente possible (c'est à dire en tenant compte, à tous les niveaux, de l'acceptabilité de certaines attitudes...), mais tout en faisant, mine de rien, passer un message: c'est faisable, puisque je le fais, vous avez vu? Et rien de grave n'est arrivé. C'est un peu comme un spectacle de danse classique: rien n'est laissé au hasard, tout roule dans l'huile, tout a l'air simple et naturel, mais derrière, il y a des semaines, des mois, des années de travail et au moment de la danse, une concentration extrême.
Nous sommes tous conscient(e)s d'attitudes, de modes, de comportements sociaux passés (années 20, 30, 40: non-acceptation du port du pantalon, suffrage universel masculin, cacher ses jambes, ne pas avoir d'amants, s'arrêter de travailler pour élever les enfants, suivre son conjoint là où il travaille et adapter / sacrifier sa carrière...) qui sont dépassés aujourd'hui. Je cherche quant à moi à détecter ces attitudes qui, si aujourd'hui sont dans la normalité, nous paraîtrons complètement ridicules et désuets aujourd'hui. Quelles sont -elles en France? C'est pas évident à trouver (même si j'ai quelques idées...). Mais en Afrique Centrale, malgré la complexité sociale (tradition ancestrale qui se heurte à l'occidentalisme, ce qui donne des incohérences sordides et beaucoup d'hypocrisie ambiante), j'en détecte, et j'essaie d'adopter un comportement bien que "révolutionnaire", paraisse le plus naturel possible. Peut-être que c'est aussi de cette manière-là qu'on peut y arriver et "rester dans la place"? C'est comme la réalisation des rêves: peu importe que cela prenne du temps, de l'énergie, peu importe même qu'on n'y parvienne jamais, au moins on aura essayé.
Merci Olympe pour cet accompagnement.
Merci Olympe pour cet article et merci Sylvie pour cette vidéo que j'ai aussitôt partagée.
La question est: à quoi bon se battre pour finalement être éjectée, le système n'étant pas encore mûr pour accueillir un tel changement? Je travaille en Afrique Centrale, dans un domaine ou la politique compte plus que toute autre considération. Les mécanismes d'accès au pouvoir y sont encore plus verrouillés: pas seulement quand tu es une femme mais aussi quand tu n'es pas de la bonne ethnie, de la bonne famille, ou avec le bon compte en banque. La démotivation frappe fort... Alors à quoi bon?
Eh bien... En essayant d'avancer, de la manière la plus pertinente possible (c'est à dire en tenant compte, à tous les niveaux, de l'acceptabilité de certaines attitudes...), mais tout en faisant, mine de rien, passer un message: c'est faisable, puisque je le fais, vous avez vu? Et rien de grave n'est arrivé. C'est un peu comme un spectacle de danse classique: rien n'est laissé au hasard, tout roule dans l'huile, tout a l'air simple et naturel, mais derrière, il y a des semaines, des mois, des années de travail et au moment de la danse, une concentration extrême.
Nous sommes tous conscient(e)s d'attitudes, de modes, de comportements sociaux passés (années 20, 30, 40: non-acceptation du port du pantalon, suffrage universel masculin, cacher ses jambes, ne pas avoir d'amants, s'arrêter de travailler pour élever les enfants, suivre son conjoint là où il travaille et adapter / sacrifier sa carrière...) qui sont dépassés aujourd'hui. Je cherche quant à moi à détecter ces attitudes qui, si aujourd'hui sont dans la normalité, nous paraîtrons complètement ridicules et désuets aujourd'hui. Quelles sont -elles en France? C'est pas évident à trouver (même si j'ai quelques idées...). Mais en Afrique Centrale, malgré la complexité sociale (tradition ancestrale qui se heurte à l'occidentalisme, ce qui donne des incohérences sordides et beaucoup d'hypocrisie ambiante), j'en détecte, et j'essaie d'adopter un comportement bien que "révolutionnaire", paraisse le plus naturel possible. Peut-être que c'est aussi de cette manière-là qu'on peut y arriver et "rester dans la place"? C'est comme la réalisation des rêves: peu importe que cela prenne du temps, de l'énergie, peu importe même qu'on n'y parvienne jamais, au moins on aura essayé.
Merci Olympe pour cet accompagnement.
Sexisme ordinaire comme l'article d'Urvoy dans le ouest france d'hier. Un fonctionnement calqué sur le PCUS au final .... j'exagère un peu.
Le 27 août vous nous faisiez part de vos états d'ame quant à l'intérêt de continuer votre blog. L'article de ce jour est une excellente réponse.
Je suis entièrement d'accord avec vous et merci de si bien démontrer ce que intuitivement je ressentais mais je n'ai pas votre talent pour l'exprimer par écrit.
Les commentaires qui me précèdent sont aussi très pertinents et intéressants.
Le problème du fonctionnement en mode jungle que tu décris si bien, c'est que les responsables n'ont AUCUN intérêt à ce que ça change, puisqu'ils sont aux commandes et qu'ils en bénéficient donc.
Je suis persuadé que si la parité et l'interdiction du cumul étaient imposés dans le champs politique, alors, et alors seulement, ça pourrait changer parce que les ceusses qui sont en haut seraient obligés de faire de la place. Tant qu'ils ne seront pas obligés, ils ne le feront pas.
Dans "C dans l'air" de Yves Calvi, depuis quelque temps, il y a une femme chaque soir ou presque. Il me plaît de penser que c'est depuis votre intervention auprès de monsieur Pflimlin.
Les promesses n'engagent que "celles" qui y croient... Il faudrait peut-être se décider à le comprendre.
C'est dès la vie quotidienne (et non pas seulement dans le monde politique) qu'il faut "prendre" sa place, puisqu'on (ils) ne nous la donnera(ont) jamais.
Et, contrairement à ce que propose un commentaire ci-dessus, pas en "faisant passer un message, mine de rien", mais au contraire clairement et fermement.Ce qui ne veut pas dire violemment. A ce petit "jeu" là, oui on perd des ami(e)s. Mais on gagne sa propre estime. C'est bien aussi.