Marronier de janvier
Par Olympe le 29/01/2010, 23:31 - Lien permanent
Comme tous les ans la promotion 2010-2011 de l'ENA a choisit son nom.
L'an passé c'était Robert Badinter, en 2008 Emile Zola, la nouvelle s'appelle Jean-Jacques Rousseau et on nous précise que "d’autres noms avaient rallié auparavant de nombreux suffrages, parmi lesquels La Fayette, Vaclav Havel et George Orwell. "
ça n'améliore donc pas ma stats toujours seulement 3 noms de femmes en 60 ans.
Plus grave, la proportion de femmes en scolarité ne progresse pasL'analyse est même poussée un peu plus loin "Ces différences à l’oral doivent conduire à s’interroger sur les attentes des jurys autant que sur les performances des candidates. Sans doute les constats d’un livre tel que celui d’Elena Gianini Belotti (« du côté des petites filles », 1ère ed. en 1973) ou ceux plus récents d’études suédoises montrant que les garçons sont, dès l’école primaire, plus couramment interrogés et mis en confiance à l’oral que les petites filles, invitées à se tenir discrètement dans la réserve, sont-ils transposables à la France. Dans la pratique, la moyenne des notes attribuées aux uns et aux autres a en réalité été identique à l’épreuve d’entretien mais leur dispersion très différente, les fréquentes meilleures notes des hommes étant statistiquement compensées par le fait qu’ils ont aussi obtenu parfois les plus basses, comme s’ils étaient moins contenus que les candidates, et cela dans les deux sens. Le sentiment persistant est tout de même qu’il est difficile pour les candidates du concours externe de trouver un juste équilibre aux yeux des membres du jury, entre l’excès de timidité, défaut le plus fréquemment perçu, mais aussi parfois le reproche inverse d’un autoritarisme, comme si le jury craignait que le premier défaut soit en quelque sorte surcompensé."
On voit donc que c'est à l'oral que se creuse l'écart pour les jeunes externes. Le rapport préconise diverses actions. Visiblement le sujet n'a guère motivé l'école et il est vraisemblable que rien n'a été entrepris.
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Rien à voir : Liens techniques à propos de chiens et de chats
Commentaires
Je propose Madame de Staël – http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bp...
La plus grande variabilité chez les hommes observée aux oraux de l'ENA est conforme à ce qu'on trouve dans les tests d'intelligence (bien que l'échantillon soit réduit). Le jour où il y aura autant de femmes que d'hommes dans les filières extrêmement sélectives, c'est que les concours favoriseront nettement ces dernières.
"études suédoises montrant que les garçons sont, dès l’école primaire, plus couramment interrogés et mis en confiance à l’oral que les petites filles, invitées à se tenir discrètement dans la réserve"
Ces études ne permettent pas de conclure, comme le fait l'auteur du rapport. C'est l'éternel problème de l'oeuf et la poule. Si Martine Lombard - "présidente des jurys" - avait un minimum de culture scientifique, elle le saurait. La maitresse interroge le garçon parce qu'inconsciemment elle cherche à le mettre en confiance (sous l'influence de stéréotypes), ou parce que depuis le début de l'année elle a inconsciemment intégré le fait qu'il participait avec enthousiasme et que c'était un relais commode dans la classe? Impossible d'affirmer que l'adulte "invite" les filles à se montrer discrètes. N'importe quel prof sait que certains élèves ne sortent jamais de leur mutisme et qu'au bout d'un moment, par lassitude, par manque de temps, on interroge ceux qui sont déjà à l'aise.
Avant même l'entrée en maternelle, on observe des différences de personnalité d'un enfant à l'autre (et d'un sexe à l'autre). Si l'ENA connaît une méthode miracle pour métamorphoser un gamin timide en gamin sûr de lui, elle devrait laisser tomber l'administration pour se consacrer à la psychologie.
"La plus grande variabilité chez les hommes observée aux oraux de l'ENA est conforme à ce qu'on trouve dans les tests d'intelligence (bien que l'échantillon soit réduit). Le jour où il y aura autant de femmes que d'hommes dans les filières extrêmement sélectives, c'est que les concours favoriseront nettement ces dernières."
...
No comment -_-
Je suis d'accord avec le billet d'Olympa, il est assez incroyable de constater, dans toutes les situations de la vie, que les femmes ont tendance à prendre moins la parole. Tout cela parce qu'une femme bien est supposée être "discrète". D'ailleurs, quand une femme a le malheur de se mettre en avant, on la remet souvent dans le "droit chemin" (pas de réponse, réponse condescendante, mise en doute de ses dires... et cela même de la part d'autres femmes)
Je ne pense pas, cependant, que l'ENA soit habilitée a mettre fin au problème, qui est un problème plus global tenant à notre modele social. C'est dès la petite enfance que ce problème doit être pris en main, en exhortant les petites filles a parler, à s'affirmer !
Par contre, c'est clair que 3 noms femmes pour 60 ans de promo, ouille, ca fait mal...
Et alors ? Pas de promotion Carla Bruni ? Franchement je trouve ça inadmissible.
Bonjour,
Merci pour cet article intéressant; Dans la réalité les études ont montré que les intéractions entre enseignant et élèves concernaient à 2/3 des garçons et 1/3 des filles. Aux filles on donnerait plus de "louanges" style c'est bien. aux garçons des conseils méthodologiques.Le problème c'est que quand on essaye de lutter contre cette tendance et qu'on interroge plus les filles, les garçons se "rebellent" se sentent aussitôt brimés et dévalorisés...et ils se mettent à faire les idiots pour attirer l'attention de l'enseignant. Donc ce n'est pas facile de lutter contre l'ordre social et en grande école c'est trop tard !
Bonjour,
Merci pour cet article intéressant; Dans la réalité les études ont montré que les intéractions entre enseignant et élèves concernaient à 2/3 des garçons et 1/3 des filles. Aux filles on donnerait plus de "louanges" style c'est bien. aux garçons des conseils méthodologiques.Le problème c'est que quand on essaye de lutter contre cette tendance et qu'on interroge plus les filles, les garçons se "rebellent" se sentent aussitôt brimés et dévalorisés...et ils se mettent à faire les idiots pour attirer l'attention de l'enseignant. Donc ce n'est pas facile de lutter contre l'ordre social et en grande école c'est trop tard !
On peut parfaitement montrer à des jury qu'ils ont des jugements sexistes et leur faire corriger.
Avec une analyse des critères qu'ils prennent en compte.
si on le veut bien sûr : c'est là qu'est le problème !
J'ajouterais que je ne sais pas où et comment sont préparés les candidats, mais l'oral ça se travaille aussi, de manière spécifique, quand on connait les critères des jury, on peut travailler ça aussi à mon avis. Peut-être y a-t-il un manque à ce sujet ?
la remarque de Dornwiller est totalement fausse! je travaille dans un centre de recherche en sociologie et tous les résultats vont dans le sens inverse! les femmes ont les mêmes résultats que les hommes sauf quand des stéréotypes dévastateurs les persuadent inconsciemment de leur infériorité.
A l'ecole, les filles réussissent beaucoup mieux que les garçons...
Mais des idées fausses répétées à satiété avec un air docte et sur de soi, ça marche! depuis longtemps et sans doute pour quelques années ou siècles encore!
sans rancune!
PS: j'ai aussi fait une grande école... alors à l'oral, j'ai du affronter les stéréotypes qui bloquent les performances des filles et je suis tout à fait d'accord avec les analyses de l'article.
Bob, merci, ce site est interessant
Dwormwiller, vous en êtes bien convaincu mais ce n'est pas une preuve .et il y a de nombreuses études désormais qui montre comment cette différence est socialement construite.
Emanu et pas de promotion non plus Emanu124, je ne comprends pas comment tu peux supporter ça.
KArine, ce que j'espère c'est qu'à force de le répéter ça finisse par être entendu.
j'ai peur qu'il y ait encore beaucoup à faire. J'intervenais hier en cours de Master 2 (quand même 5 ans après le bac) et il y a des jeunes filles qui n'avaient jamais entendu parler du plafond de verre
Ajuga, oui ça se travaille , avec de bons résultats mais encore faut il que la volonté politique existe, ce qui n'a pas l'air d'être le cas de l'Etat pour ses salariés
Andréa merci de ce complément d'informations utiles. cependant je ne crois pas que Dormwiller s'interessent aux arguments qui ne vont pas dans son sens
@ Andrea
Je ne savais pas que la sociologie s'intéressait à l'intelligence. Les psychologues cognitivistes ont du souci à se faire, avec la concurrence féroce que leur livre Martine Lombard et ces étonnants sociologues.
C'est déprimant... et pourtant seule la prise de conscience et la dénonciation des injustices (les femmes en sont les premières victimes) peut faire avancer notre monde. Merci.
j'ai aussi passé des concours et les garçons de ma promo nous disaient: "oui mais les filles, c'est plus facile, si t'as tapé dans l'oeil de l'examinateur, c'est banco".
en gros on a toujours tort: si on ne franchit pas l'oral, c'est parce qu'on est moins douée que les garçons, si on le franchit c'est qu'on a allumé les profs...
plus sérieusement, je suis convaincue qu'un tel écart entre la proportion de femmes admissibles à l'écrit et les admises a tout à voir avec les stéréotypes: certainement un mélange de ce que les candidates ont intériorisé au fil des années et ce que les examinateurs ressentent inconsciemment.
parce que j'ose croire que les misogynes qui saquent consciemment les femmes sont de plus en plus rares...
Et en plus, ce ne sont pas 3 femmes sur 60 ans, puisque Simone Veil y est 2 fois, et Louise Michel, une fois.
Bien vu en tout cas Olympe
> J'intervenais hier en cours de Master 2 (quand même 5 ans après le bac) et il y a des jeunes filles qui n'avaient jamais entendu parler du plafond de verre
Je ne vois pas en quoi cela est étonnant. Avant ton blog je ne connaissais pas non plus. C'est un concept né aux États-Unis qui n'a pas vraiment percé en France à part dans les milieux féministes. La page Wikipedia francophone est édifiante.
Bob, mais ce n'est pas seulement qu'elles ignoraient l'expression, c'est qu'elles ne savaient pas que statistiquement elles avaient toutes les chances de gagner moins que les garçons d'emblée
@ Geekgirl : il n'y a pas 2 fois SImone Veil, mais S. Weil, la philosophe (1974) et S. Veil (2006)
@ Ajuga :il ne s'agit pas seulement des critères ou jugements desjurys, mais surtout de connaître leurs compositions : combien de jurées parmi les jurés ??