Série : Les illustratrices du 20eme siècle : Cicely Mary Barker

Mon ami Renaud Bouet, , m'a envoyé une nouvelle biographie d'une illustratrice qu'il admire, dont les dessins sont souvent très connus, mais pas elle. Après Rose O'Neill et Elsa Beskow , voici Cicely Mary Barker.

 

Il est d'ailleurs remarquable de constater que bien qu'elle ait vécu près de 80 ans la seule photo que l'on trouve d'elle sur le web date de ses 20 ans. Son oeuvre est « célébrée dans le monde entier » et connait toujours une énorme popularité au début du xxie siècle, mais demeure « étrangement méconnue en France ».

Elle naît à Croydon, dans le Sussex (Grande Bretagne) en 1895.

Elle est la seconde enfant (sa soeur Dorothy est plus âgée de deux ans) d'une famille issue de la classe moyenne.

Elle est d'une santé fragile, sujette à des crises d'épilepsie et elle grandit à la maison, choyée par ses parents, par sa soeur et sa gouvernante.

Elle lit beaucoup, se nourrissant de contes et d'albums illustrés et est admiratrice, entre autres, des oeuvres de Kate Greenaway, de Randolph Caldecot ou du Peter Pan de J.M.Barrie.

Elle développe un certain talent pour le dessin et ses parents l'encouragent à suivre des cours d'art par correspondance, auprès de la Croydon Art Society. Elle dessine beaucoup, s'essaye à différentes techniques, et en 1911, l'éditeur Raphaël Tuck lui achète 4 petits dessins et l'encourage à en produire d'autres.

Mais la mort de son père plonge la famille dans le dénuement et sa soeur décide d'ouvrir un jardin d'enfants dans leur maison. Cicely redouble de créativité, écrit de la poésie, travaille à des aquarelles pour la Société de promotion de la connaissance chrétienne, réalise des illustrations pour différents magazines et expose à la Women Artists Exhibitions.

Sa première oeuvre "féérique", lui est achetée par le Royal Institute; il s'agit de "A fairy song". Il faut dire qu'à cette époque où l'industrialisation est galopante et les bruits de la guerre terriblement présents, l'univers des fées, redécouvert par les peintres victoriens et la littérature dite "enchantée" - comme un échappatoire vers un monde secret subtilement jointé au nôtre - se dévoile à nouveau aux yeux et aux esprits. Et Cicely peint des fleurs et des fées. Les fleurs, scrupuleusement, dans la logique des peintres préraphaélites qu'elle aime (notamment Edward Burne-Jones) et pour les fées, elle prend souvent comme modèle les élèves de sa soeur Dorothy.


 

Son premier recueil, "Flower Fairies of the Spring" (24 poèmes et illustrations) est publé en 1923 par l'éditeur Blackie. Suivront d'autres ouvrages, consacrés à chaque saison, ses fleurs et ses fées, ainsi que des contes tels que " The lord of the Rushie river"(1938) ou "Groundsel & necklaces"(1943). Elle continue, en parallèle, à travailler sur des ouvrages d'inspiration chrétienne comme "The children book of hymns" ou, en collaboration avec sa soeur, "He leadeth me", à réaliser des cartes postales, des faire-parts, et peint des panneaux à l"huile pour l'église St Andrew, de Croydon. Elle y est d'ailleurs très active pour ce qui concerne les oeuvres sociales, dites "de bienfaisance".

Cicely et sa famille - sa mère et sa soeur - voyagent peu. On note un séjour à Amberley dans le Sussex, un autre sur la côte sud des Cornouailles, un voyage à Gomshall, dans le Surrey, chez son amie Margaret Tarrant, l'autre illustratrice des fées, ou à Storrington, dans le cottage d'une autre amie, Edith Major.

En 1940, Dorothy ferme son jardin d'enfants et c'est Cicely qui subvient désormais aux besoins de sa mère et de sa soeur. Dorothy meurt en 1954, victime d'une attaque cardiaque et Cicely s'occupe de sa mère jusqu'au décès de cette dernière en 1960. A partir de ce moment, elle restaure une maisonnette à Storrington, que lui a léguée son amie Edith Major, et s'y installe, la renommant « St Andrew's ».

Elle décède en 1973 et son dernier ouvrage, traitant des fées de l'hiver sera publié à titre posthume. Il s'agit en fait d'une collection d'illustrations et de textes rassemblés par son éditeur.