Sourire ou diriger, faut-il choisir ?

Comme je n'ai pas beaucoup de temps pour faire un billet, je vous laisse avec un paragraphe de mon livre. Extrait d'un chapitre qui détaille les comportements attendus des femmes, y compris au travail.

Les femmes sourient plus que les hommes.

Ce n’est pas une simple impression, cela a été démontré.

Sur des photos de classe de la maternelle à l’université, dans les magazines et les journaux, les personnes de sexe féminin sourient plus souvent : 63 % des garçons en maternelle et primaire contre 82 % des filles, 58 % des hommes contre 80 % des femmes dans les magazines.

Cela n’est manifestement pas inné puisque la différence n’apparaît qu’à 5 ans. Incontestablement, il est attendu des femmes qu’elles sourient, mais qu’attend-on des hommes ?

Une analyse du nombre de réponses obtenues par les utilisateurs des sites de rencontres sur internet nous donne des indications. On apprend que, pour espérer obtenir plus de messages que la moyenne les femmes doivent regarder l’objectif tout en souriant ou en adoptant une moue un peu coquine.

Pour les hommes, c’est l’inverse, il faut plutôt faire la gueule (ou, du moins, ne pas sourire) et regarder ailleurs.

Une autre étude de l’université de British Colombia portant sur les critères d’attractivité – menée à partir de photos – a également constaté que les hommes souriants et les femmes hautaines étaient moins attirants pour l’autre sexe. Bien entendu, il est question d’attirance sexuelle et nous sommes loin d’un contexte professionnel.

Mais on sait par ailleurs que les personnes attirantes sont aussi jugées plus intelligentes ou plus compétentes, et ce d’autant plus que le visage apparaît adulte et mature. On remarquera qu’il est facile pour les hommes à la fois de plaire aux femmes et de paraître sérieux et empreints d’autorité : il leur suffit de ne pas sourire. Les femmes, quant à elles, devront choisir : sourire et plaire aux hommes,ou paraître hautaines et revêches.

Le magazine GQ ne s’y est pas trompé, qui a réalisé un dossier sur le thème : « L’art de faire la gueule ». Jean-Luc Mélenchon y est évoqué : « Le président du parti de gauche s’inscrit dans une tradition bien française qui, de Lino Ventura à Jean-Pierre Bacri, a longtemps associé l’image de la virilité sous nos latitudes à une forme de paternalisme acariâtre. »

Citant le psychiatre Vincent Estellon, l’article ajoute : « Il y a effectivement une inégalité des sexes face à la mauvaise humeur. Un homme qui fait la tête est perçu comme ayant du caractère, alors qu’une femme énervée sera souvent taxée d’hystérique. »

Commentaires

1. Le 22/11/2011, 18:06 par pat

Je trouve les interprétations de l'article particulièrement alambiquées.
Pour moi le sourire est plutôt signe de sérénité ou de joie intérieure et pas de l'attente des autres a se conformer a un modèle.
Arrêtez de tout ramener a l'oppression des males sur les femelles , car on pourrait aussi bien dire que l'homme sourit moins car il est contraint de cacher ses sentiments et que ça finit par le miner et que la femme encouragée a s'exprimer est plus sereine et encline a exprimer ses humeurs (et donc ici plus heureuses puisqu'elle sourit plus)

Et s'il vous plait, quelqu'un qui n'est pas souriant n'est pas nécessairement hautain, méprisant, agressif , il peut être neutre, froid, distant , sérieux, ou eventuellement faire la gueule, être malade, avoir les lèvres gercées.
D'autre part la durée du sourire est inversement proportionnelle a sa qualité, un vrai sourire chaleureux et spontané dure quelques secondes , un sourire forcé qui dénote le malaise dure plus longtemps voire est permanent.
Moralité il vaut mieux se garder d'interpréter a tout va .

2. Le 22/11/2011, 19:02 par Heloise

Juste un peu à côté, mais à peine : l'article d'Elsa Fayner "Petit guide de la soumission à son patron"
http://voila-le-travail.fr/2011/10/...
Merci pour tout ce que vous publiez sur votre blog.

3. Le 22/11/2011, 21:39 par Venise

Un comportement ou un trait peut être "inné" (déterminé génétiquement) et apparaître tardivement dans la vie d'un organisme (par exemple les changements comportementaux et physiques qui surviennent à la puberté).

L'environnement façonne évidemment l'expression du comportement, mais ça ne veut pas dire que c'est une pure création de la société.

D'ailleurs je suis sûr qu'on trouverait les mêmes résultats chez les bonobos ou les chimpanzés (i.e.: les gueunons envoient plus de signaux apaisants.)

4. Le 22/11/2011, 22:40 par Lilite

@ à Venise :
la comparaison avec les bonobos. est complètement out . Moi même passionnée d'éthologie, ce n'est pas parce ce qu'un animal adopte un type de comportement, que celui-ci est forcément génétique. Bien que ça remette les préjugés en question, je t'assure que même les animaux ne sont pas uniquement déterminé par la génétique, que l'environnement influe beaucoup sur leurs attitudes et que nombre d'espèces animales disposent d'une culture que chaque groupe peut transmettre de génération en génération...

et je n'ai pas parlé pas de la comparaison avec la puberté... mais bon, quand on compare tout avec tout, et ben on peut arriver à prouver ce qu'on veut! ahhh sophisme, quand tu nous tiens!!

5. Le 23/11/2011, 05:08 par Venise

Oui mais ça c'est universel: dans toutes les sociétés humaines, les femmes sont plus souriantes que les hommes.

Et je suis convaincu que c'est la même chose chez nos cousins (les femelles envoient plus souvent des signaux pour désamocer la tension).

Il y a une part de relatif dans ce qui est culturel: ça change d'une société à l'autre.

On trouverait sans doute des variations dans cette propension à sourir ou à dissimuler ses émotions, mais dans l'ensemble, c'est une caractéristique universelle.

Donc probablement naturelle, puis modulée par l'environnement.

C'est parce que les hommes doivent lutter pour trouver leur place dans la hiérarchie de dominance (contrairement aux femmes, pour qui tout dépend du paraître) et qu'il est souvent dangereux de laisser percer ce qui se passe à l'intérieur.

"Poker face" de rigueur.

6. Le 23/11/2011, 10:15 par Un passant

"les hommes souriants et les femmes hautaines étaient moins attirants pour l’autre sexe"

Critique caricaturale d'une étude pertinente, ou reprise fidèle d'une étude ridicule ?

Donc, ne pas sourire c'est être hautain. N'y a il rien entre les deux ?

7. Le 23/11/2011, 14:47 par LaVencoise

« Il y a effectivement une inégalité des sexes face à la mauvaise humeur. Un homme qui fait la tête est perçu comme ayant du caractère, alors qu’une femme énervée sera souvent taxée d’hystérique. »

Je trouve cette phrase en elle-même complètement sexiste : faire la tête/hystérie... Rappelons tout de même que l'hystérie est une "névrose qui se caractérise par des réactions excessives, théâtrales et une hypersensibilité", comment peut-on la rapprocher de "faire la tête".
Est-ce à dire qu'il sous entend qu'une femme qui fait la tête est forcément dans ce schéma de hurlements????
Curieuse cette analyse...

8. Le 23/11/2011, 21:30 par olympe

lilite il faut suivre les conseils de cultivetonajrdin et laisser venise discuter tout seul

unpassant, je n'ai pas mis les références mais elles sont toutes dans mon livre. En général il s'agit d'études sérieuses et de toute façon j'en précise l'origine

lavencoise, déja ne pas sourire c'est faire la tête. C'est pas curieux ça ?

9. Le 24/11/2011, 17:46 par Un passant

"En général il s'agit d'études sérieuses et de toute façon j'en précise l'origine"

Il s'agit donc d'une critique caricaturale. Merci de préciser.

10. Le 28/11/2011, 03:30 par lilite

@ Olympe et cultive ton jardin,
je pense que vous avez raison, quand vous dites que Venise ne changera pas d'avis et qu'il est inutile de rentrer dans le débat. d'ailleurs, je ne comptais pas faire aller plus loin .
mais je pense aussi que c'est bien de temps en temps, de montrer les limites de ce type de discours...
car Venise n'est pas la première à avoir ce type de discours, moi, en tout cas, je l'entends très souvent.

je sais très bien que quand je réponds à Venise, je ne le fais pas pour qu'elle change d'avis. Son raisonnement est basé sur une croyance profonde plus que par un raisonnement : elle croit en une mère nature comme en un dieu qui nous a fait homme et femme de manière différente. et voilà, l'ordre des choses est établi, plus besoin de le mettre en question et par la même de se remettre en question. Et je sais pertinemment qu'il est inutile et vain de discuter avec ce genre de personnes, car aucun argument logique ne peut venir à bout d'une croyance profondément ancrée ... Je ne veux pas la juger, encore moins la faire changer d'avis (parce que je suis sure que je n'y arriverai pas ) et puis, au fond, chacun est libre de croire ce qu'il veut.

Mais utiliser un faux raisonnement scientifique et logique pour légitimer ses croyances, ça, c'est une forme d'obscurantisme et je pense que ce n'est pas mal d'y opposer une contradiction.

Pour que les personnes qui sont capables de questionner leurs croyances par une réflexion, je me dis que certaines peuvent être tentés de dépasser ces croyances si elles comprennent les erreurs de logique qui se glissent dans ce type de discours... il faut bien commencer quelque part!

11. Le 28/11/2011, 12:43 par pat

Je n'aime pas plus que ça les interventions de Venise, mais quand vous dites:
"utiliser un faux raisonnement scientifique et logique pour légitimer ses croyances, ça, c'est une forme d'obscurantisme et je pense que ce n'est pas mal d'y opposer une contradiction"
vous voulez parler de la campagne actuelle contre la violence "faite exclusivement" aux femmes je suppose. Toute expression de la violence faite aux hommes est etouffée, et rien que le fait d'en parler vous fait passer pour un dangereux terroriste.
Donc je dis que dans les dernières enquêtes de l'OND il apparait que 120 000 hommes (vous pouvez vérifier)subissent des violences de leur compagne et que ça c'est le tabou absolu. Personne pour en parler, personne pour lever le petit doigt, et si vous l'évoquez vous êtes un machiste pervers....Dans les campagnes de pub on ne cite que les mort(e)s , pas les blessé(e)s et les détruit(e)s
Si un jour vous avez un frère, un fils ou un compagnon qui a gouté de ce régime vous reviendrez (peut être?) a un semblant d'objectivité.